Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

lundi 22 février 2010

Acte manqué

C'en est fini : il a bien fallu quitter l'hôtel et sa thalasso, malgré des réticences de part et d'autre.

N'est-ce pas parce qu'elle ne voulait pas nous laisser partir que l'hydrothérapeute qui m'avait barbouillé d'algues m'a un peu oublié, tout saucissonné dans la couverture chauffante? Rassurez-vous, une sécurité éteint automatiquement l'appareil au bout de vingt minutes. N'empêche que j'ai trouvé le temps un peu long, dans cette position des plus confortables : des fois, on se passerait bien d'avoir dix minutes de rab. J'ai fini par me délivrer tout seul, avec la grâce d'un pélican barbotant dans une marée noire. Heureusement que la couverture ne tenait qu'à un bouton pression! J'ai décollé le film plastique gluant et j'ai glissé jusqu'à la douche. J'étais déjà en train de me sécher quand une autre hydrothérapeute a ouvert la porte, l'air surpris de me trouver là. Elle a marmotté de vagues excuses au nom de sa collègue : "Euh, elle a un peu de retard". Par un curieux caprice du hasard, c'était déjà la même qui, la veille, avait laissé s'installer une vieille dame sur le matelas à eau de l'hydrojet avant de l'abandonner un quart d'heure sans mettre la machine en marche (il faut dire que ça réclame un geste très technique : il faut appuyer sur le bouton).

Malgré ce contretemps, je ne suis pas arrivé en retard à mon ultime modelage sous affusion (sous une douche d'eau de mer, quoi), où, pour une raison inconnue, la jeune femme s'évertuait à faire claquer de l'eau sur mon périnée. Pendant ce temps-là, mon homme connaissait l'enchantement ouaté des soins du visage. Tandis que l'esthéticienne le chouchoutait et chuchotait pour ne pas briser l'ambiance alanguie, Pitou V. n'a pas cessé de la faire répéter, parce qu'il avait les oreilles bouchées. Nous avons profité de ces moments de relaxation pour réfléchir à la dissertation qu'ils déguisent en questionnaire de satisfaction (et qui est en fait un véritable examen qui te donne le droit de quitter l'hôtel).

Vous voyez donc que la direction n'était pas disposée à nous laisser partir et nous ne devons qu'à l'excellence de notre prose (extrait choisi : "mais, bon dieu, changez moi la musique de ce restaurant!") notre droit de sortie, si chèrement gagné (au sens propre, évidemment). Mais il semble bien que nous aussi, nous ayons eu du mal à partir.
Après avoir parcouru une centaine de kilomètres, en cherchant dans ma poche un papier dans lequel fourrer mon chewinegomme, mon index heurte quelque chose de dur et plat. Pas l'idéal pour accueillir mon résidu de mastication, mais plutôt pas mal pensé pour ouvrir la porte d'une chambre d'hôtel :
"Pinaise! J'ai oublié de rendre la carte magnétique, sursauté-je, me préparant à me faire battre comme plâtre par mon homme, contraint de faire demi-tour.
_ Oh! Moi aussi! (bon, on va se taper mutuellement, alors)"

Arrêt sur la première aire rencontrée, coup de fil à l'hôtel. Pas de drame, les cartes magnétiques et les certificats de remise de peignoirs (8O€ le ticket, ça paie plus que le loto) voyageront par voie postale. Ça aurait pu être bien pire : on aurait pu oublier nos bonnets de bain!

Pitou G.

4 commentaires:

V à l'Ouest a dit…

Et cette odeur de criée, ça s'en va au bout de combien de jours ?

Phoebe a dit…

Oui, vous devez sentir la marée (basse) non ? Mouarf

Madame Patate a dit…

Vous n'avez pas tenté de voler les peignoirs? Pfff petits joueurs va.

Même pas une paire de tongs? Alleeeeez

Les Pitous a dit…

VAO et Phoebe=> Arrêtez de vous marrer comme des mouettes, vous deux!

Madame Patate=> Même pas : les tongs et les bonnets de bain étaient offerts (d'ailleurs, on aurait bien aimé être prévenus avant). En même temps, embarquer les clés, c'est un genre de record...