Je suis dans ma sixième année en tant que Titulaire sur Zone de Remplacement.
Le statut est un peu ingrat, beaucoup se plaignent d'être assez mal traités. Normal, on bouche les trous: les zones sont grandes (et de toute façon, pour faire face à la pénurie, il a été décrété que notre zone, c'était aussi toutes les zones limitrophes), les postes partagés fréquents et les profils ne correspondent pas toujours aux besoins (on enseigne aussi parfois les "matières connexes" - heureusement, nul ne prétend me faire faire des maths).
Pourtant, cela me convient assez bien: d'abord je n'ai presque jamais quitté notre préfecture. Ensuite, les professeurs à remplacer ont souvent des avantages dont on bénéficie; emploi du temps sympathique et salle de classe unique. Enfin, quand on exerce des suppléances courtes, on peut prétendre à une indemnité compensant la sujétion du remplaçant qui ne choisit rien (heures supplémentaires, fonction de professeur principal notamment). Puis il faut croire que cela correspond à une tournure de mon caractère: l'incertitude nécessite des capacités d'adaptation, le statut justifiant aussi ma paresse; comment préparer quoi que ce soit durant l'été quand on ignore tout de ce qu'on fera à la rentrée?
L'an passé, la cigale ayant chanté tout l'été se retrouva fort dépourvue quand on lui demanda le 27 août de faire cours sur les mémoire du Général De Gaulle pour la rentrée (programme de terminale littéraire 2011/2012). Ceci dit, cela s'était très bien passé: les élèves me prenaient pour un gaulliste forcené mais avait fini par intégrer deux ou trois éléments qui leur ont été utiles le jour J.
Cette année, c'était byzance; je savais être affecté pour cinq mois au lycée Margotte. J'ai donc pu me faire plaisir en étant très ambitieux: Molière, Marivaux, La Fontaine, Racine, Beaumarchais, Voltaire, Fénelon... Hormis le calvaire des copies (bac blanc: trois devoirs/heure), j'ai vraiment beaucoup aimé, cela me motivant pour passer l'an prochain l'agreg-le-millionnaire (remerciez SabyBanana).
Le collègue remplacé m'ayant déclaré en novembre: "Je reprends fin janvier", j'ai donc consciencieusement prévu de travailler jusqu'au 31 janvier, m'organisant dans mes corrections et mes cours tant bien que mal. Mercredi dernier, après une sortie cinéma un peu branquignole dans les détails ( à l'aller: deux cars pleins, le mien à moitié vide: ma classe et quatre pèlerins - les autres ayant pris un bus de ville. Au retour, quatre accompagnateurs dans un car, un dans chacun des deux autres...), je reçois un appel: "Allô le lycée Vive l'Europe de Boudin-sur-champs, vous êtes affecté chez nous à partir d'aujourd'hui! Vous aurez une classe de CAP vente alimentaire et une première bac pro secrétariat, mais pour le moment c'est juste pour trois jours. Vous êtes content?" Interloqué, je rétorque que je n'ai pas le don d'ubiquité et que dois déjà finir le premier remplacement. Le proviseur surpris me demande de vérifier mon arrêté d'affectation: "Pitou V. est affecté au lycée Margotte du 01/09/2012 au 27/01/213". Diantre!
Quand je disais à mes élèves qu'il fallait lire entre les lignes... j'oubliais de lire les lignes de mon contrat! Branle bas de combat: je préviens le collègue (qui s'est offert trois jours de congés sur mon compte) pour organiser le relais et je me rends au lycée Vive l'Europe.
Moi qui aime le changement, je ne suis pas déçu: je suivais 110 élèves, je n'en ai plus que 21... mais là, je vais oublier Phèdre et Ruy Blas. Il ne me reste plus qu'à découvrir le programme, comprendre le niveau requis et voir le niveau réel. Quant aux cours d'histoire, on verra plus tard; je ne suis là que pour trois semaines. Pour le moment du moins. TZR, toujours prêt!
V.
2 commentaires:
J'ai bien aimé aussi être tézéd et air.
Quand je suis arrivée ici je replaçais à moi seule 3 prof!
1 en 5ème, 1 en BTS dans le lycée d'à côté et un troisième, en 5è aussi à l'autre bout du département!
A mes débuts dans le métier, je suis arrivée mi-novembre. J'ai commencé par remplacer une "démissionnante", puis un décédé par la suite. C'était dur. Le changement (c'est maintenant) c'est fatigant. Je t'admire, tu sais !
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