Je n'oublie pas qu'il y a une poignée de semaines (de l'art de l'euphémisme), nous avons été doublement tagués par
Incitatus et
Sixtine. La règle, si je m'en souviens bien, est de révéler 7 informations inédites nous concernant. J'ai cru comprendre aussi qu'il était de bon ton que ces scoop nous ridiculisassent (j'y travaille activement, comme vous le constatez) et révélassent nos aspects sinoques. Pour rendre l'exercice un poil plus ludique, nous imiterons
Timy : parmi les révélations suivantes, l'une est, totalement ou en partie, de l'intox. A vous de la repérer (fastoche, fastilinoche) :
1) Je suis un
cul gelé, un vrai. A ma décharge, il est fort menu et blanc comme neige : suivant la loi de l'
albédo, il peine à absorber la chaleur du soleil - à noter qu'il n'a pas souvent l'occasion de l'apprécier, à mon grand désarroi. Il est donc très sensible aux frimas de l'hiver.
Mes pieds sont soumis au même régime, si bien que mon homme les a amoureusement surnommés ses "petits pieds panés", référence aux poissons panés, hôtes bien connus des eaux de l'Antarctique. Il m'arrive, j'avoue, d'enfiler deux paires de chaussettes pour les protéger un peu. Raffinement suprême : glisser une feuille d'alu entre ces deux épaisseurs; je ne suis pas sûr que ça réchauffe, mais ça fait un bruit extra (top discrétion au boulot).
2) Je
vieillis plus rapidement du côté gauche (c'est connu, la droite est conservatrice). L'idée que mes cheveux s'émaillent de fils d'argent ne me fait pas frémir, même à 28 ans. plus jeune, mon châtain se nuançait de reflets roux; aujourd'hui, ce sont des touches de blanc : ce n'est pas un scandale. Mais j'aimerais qu'un jour, enfin, mon corps se décide à faire les choses uniformément : déjà que je juxtapose les jambes velues d'un bouc et le torse glabre d'un ado... Le satyre que je suis essaierait bien la cohérence, pour changer!
3) Je n'aime pas spécialement aller en ville. Surtout dans une petite ville où on est sûr de croiser à chaque sortie des gens connus (je veux parler d'élèves ou de parents d'élèves, pas de Paris Hilton, hélas). Heureusement, je marche d'un bon pas. Mais une vive allure ne vous protège pas du regard des autres (et vu que je suis une bombe, les autres ne s'en privent pas...). En cas de nervosité, nous avons tous nos gestes
apotropaïques (apprends l'alphabet avec les Pitous). En ce qui me concerne, je fais machinalement tourner mon anneau d'argent autour de mon doigt (que j'ai délié et fin). Je suppose que cela me donne l'illusion d'être
un nouveau Gygès, ce berger qu'une bague magique rendait invisible à volonté. Sauf que moi, je ne veux pas être roi, juste acheter des bouquins peinard
et accessoirement suivre de jolis garçons dans leur salle de bain...4)
Voir et être vu nu. Ce thème revient à chaque instant dans cet article. Autant l'évacuer pour de bon...
Avertissement : âmes pures et chastes, passez ce paragraphe - il n'est pas vraiment dans le ton habituel de ce blog (mais n'est-ce pas le but de ce tag?).
Comme beaucoup d'enfants, j'étais très curieux de voir ce qui se cachait sous les vêtements des autres. En maternelle, je me tapissais avec Eléonore dans un tube en béton, dans la cour, juste le temps de baisser nos culottes. Cela reste à ce jour ma seule expérience hétérosexuelle. En primaire, c'est avec Pierre, Laure et Anne que nous nous exhibions en secret. Cela reste à ce jour ma seule expérience bisexuelle.
Mais déjà, à la même époque, je me souviens très précisément d'avoir scruté l'entrejambe de mon maître et de m'être demandé avec envie à quoi ressemblait ce qu'il y dissimulait (oui, j'avais 8 ans...). Me poser la même question avec mes institutrices m'aurait semblé parfaitement saugrenu. D'ailleurs - et là, je tiens à m'excuser par avance auprès de nos lectrices pour mon ignorance -, d'une femme à l'autre, il n'y a pas de révolution, c'est toujours un peu la même chose, circulez, y a rien à voir... Avec les garçons, la multitude des combinatoires fait qu'au moment d'ouvrir le paquet, il y a toujours une surprise. Et même quand on sait pertinemment que le cadeau n'est pas à portée de notre bourse, ça reste une exquise source de rêverie.
Pour voir sans consommer, il n'existe plus que les espaces
naturistes. Partout ailleurs, la pudeur a chassé la nudité, devenue impensable hors intentions sexuelles. Pruderie ou pornographie, tu parles d'une alternative! J'ai fréquenté quelquefois des plages non-textiles et même, un été, un camping. Et là, croyez-le où non, si le plaisir lubrique de s'exhiber et de se rincer l'oeil (ex aequo) n'est pas totalement absent, il est de très loin surpassé par le bonheur simple de sentir sur toute l'étendue de sa peau le contact de l'eau, de l'air et du soleil, bonheur qu'un infime bout de tissu gâte énormément.
Je vous rassure : il n'y aura pas de photos de vacances dans ces pages ;-)
(ni non plus celles où j'ai posé artistiquement pour un photographe amateur dans le plus simple appareil numérique)(ah vous vouliez du scoop! faut assumer maintenant!).5) Petit, je n'étais cependant pas qu'un pervers polymorphe. J'attendais le vendredi soir avec impatience pour regarder avec ma mère
Apostrophe, lové dans un coin du canapé. Bien sûr, beaucoup de choses devaient m'échapper (rappelons que lorsque Pivot a mis un point final à cette émission littéraire, j'avais tout juste 11 ans); peut-être même que je n'y comprenais rien. Il ne m'en reste pas de souvenir précis, juste une impression générale. Mais je sais que, tout en écoutant Pivot d'une oreille distraite, je m'imaginais répondre à ses questions.
Je me rêvais en écrivain interviewé. Je n'ai pas beaucoup changé, au fond...
6) Pourtant, c'est une tout autre carrière qui m'a longtemps tenté : celle de
policier. Quand, dans la cour de récré, on désignait voleurs et policiers, je me rangeais invariablement du côté de la loi. Il ne faut pas oublier que je suis petit-fils d'officier et que j'ai hérité de mon lignage le goût de l'ordre. Le projet m'a longtemps tenu, même lorsque j'étais en prépa littéraire. L'idée que je pourrais toujours me tourner vers cette carrière si mes études de lettres classiques ne trouvaient pas de débouché, a été d'un certain réconfort dans les moments de ras-le-bol (genre quand on vous demande de traduire le mot "pendaison" dans un thème latin, que vous vous êtes en vain arraché les cheveux pour trouver une astuce - au point de chercher activement une corde - et que, pour finir, le prof annonce benoîtement au moment de la correction : "
bah non, les Romains ne pendaient pas, ils crucifiaient" - sans ma fibre policière, croyez bien que je lui aurais brûlé la cervelle). Vous voyez que la réalité du métier de prof ne me dépite pas tant que ça.
7) "Discret mais efficace. Félicitations du conseil de classe". Cette petite phrase suffit à résumer toute ma scolarité. Elle a néanmoins connu quelques faiblesses. Passons sur mon dernier trimestre de physique en seconde : il a eu le mérite de me conforter dans mon choix de la section littéraire (et pourtant, le prof voulait que je fasse S!). Passons aussi sur mon année de 1ère, en anglais (LV2) : mes notes faisaient tellement tache sur le bulletin que ma prof d'allemand a décidé de mener l'enquête; je ne pouvais quand même pas lui dire que je mettais à profit mes cours d'anglais pour écrire des poèmes (de toute façon, on était 40 dans la classe). Il faut avouer qu'en langue vivante, j'ai toujours un peu manqué de spontanéité.
Pourtant,
ma plus belle veste scolaire, je l'ai connue en... latin. En 4ème, la prof me chouchoutait; en 3ème, elle m'a descendu en flèche. C'était la seule matière que je bossais; je ne comprenais rien à rien. J'ai conclu l'année à 6 de moyenne, par une humiliation au tableau : "
Et tu comptes continuer le latin l'année prochaine? T'as intérêt à t'accrocher", la voix de l'ogresse claque encore à mes oreilles... Je me suis accroché, j'ai triplé ma moyenne en seconde (en me réjouissant de l'envoi des bulletins dans mon collège d'origine). Mais je ne peux pas m'empêcher de me dire que c'est un hasard géographique qui a donné à ma passion pour les langues anciennes une chance de s'épanouir : s'il n'avait pas fallu traverser la ville pour aller dans un lycée moins coté, je me serais laissé séduire par l'italien en troisième langue.
Quand j'ai commencé à enseigner, il m'est arrivé de raconter cette anecdote à certains élèves, pour leur faire comprendre que le déclic peut parfois tarder, mais que ça vaut le coup de persévérer. J'ai arrêté, d'une part parce que c'est inutile, d'une autre parce que je demande pas aux mômes de se passionner pour ma vie. Je crois que c'est surtout à moi, de m'en souvenir : on oublie un peu vite que ce qui nous semble évident peut poser problème à des adolescents (même si, b°rd€l, c'est pas bien compliqué ;-)).
A vous de jouer : parmi ces révélations, où se niche l'intox? Pour la peine, et pour une durée indéterminée, j'ai activé la modération des commentaires.
Pitou G.
P.S. : @ Sixtine. Finalement, je n'ai pas eu besoin de recycler (ou si peu).
P.P.S. : je travaille mon homme au corps pour qu'il se prête à ce jeu, mais ce n'est pas gagné...