Le blog coruscant et capricant d'un couple de garçons en retour d'exil

mercredi 30 avril 2008

Haquenée vaincra

Quand on doute tout le temps de la validité de ce qu'on fait, c'est le genre de nouvelle qui fait du bien. Une de mes classes vient de remporter un prix départemental pour un travail qui a englouti énormément de temps (et m'a précipité plus d'une fois au comble du désarroi).
Ma collègue doc' est venue annoncer la nouvelle en jouant à fond la carte du suspense : la petite rigolote a commencé à égrener les résultats en commençant par le premier. Elle m'observait du coin de l'oeil, et voyait ma mine se décomposer au fur et à mesure : au moment d'annoncer le prix d'encouragement, le nom du collège Haquenée n'avait toujours pas été prononcé. J'en aurais pleuré.
"Mais en fait, il y a un premier ex aequo : vous avez gagné!"

Ah-ah-ah. En même temps, j'aurais dû me rendre compte qu'elle avait l'air enjoué. En fait, je crois qu'en la voyant, je m'étais persuadé qu'on avait gagné, d'où le grand trouble de ne pas entendre le nom du bahut.
Justement, quand elle est entrée dans ma salle (oui, j'ai fait pipi sur le seuil pour m'en assurer), je venais de ramasser un questionnaire de satisfaction sur le projet (anonyme, histoire de libérer la parole)(oui, j'ai un vieux fond masochiste). Heureusement qu'on a gagné parce qu'entre :
  • ceux qui se réjouissent d'avoir zappé plein de cours de français (parce qu'écrire des articles, ce n'est évidemment pas du français),
  • ceux qui se plaignent d'avoir inutilement gâché des cours de français (Oui Catul, j'ai bien reconnu tes ratures ô combien caractéristiques),
  • ceux (pas loin de 70 %) qui ont juste trouvé ça naze/ nul/ chiant suivant leur degré de politesse,
j'aurais eu comme un gros coup de blues...

Pitou G

P.S. : Un petit effort sur Guten Tag, vous y êtes presque!

mardi 29 avril 2008

Allô Gursixo?

" Si vous passez à A., nous serions très heureux de vous inviter chez nous à boire un café!"

Mais à qui Pitou V. adresse-t-il cette chaleureuse invitation ?
A des amis?
A de la famille?
A une star de la chanson?
A une candidate malheureuse aux présidentielles?


Rien de tout cela : la gentille demoiselle que mon homme a conviée dans l'intimité de notre salon, c'est Flo, notre conseillère fiscale.
Si jamais elle ne peut pas se libérer, on invitera notre courtier en prêts, notre banquier ou notre percepteur. Et en tout dernier recours, S.O.S amitiés...

C'est sympa, la vie dans une petite ville.

Pitous V. & G

P.S. sur Guten Tag : Vu que vous m'avez dernièrement habitué à dépasser la barre des dix commentaires (oui, je sais, ça fait un peu pitié), j'ai décidé de ne pas afficher vos réponses tant qu'on ne l'aura pas atteinte (oui, ça aussi ça fait un peu pitié). Je suis sûr que si ce n'est pas déjà le cas, c'est parce qu'il y en a qui sont en vacances (flemmasses)...
Sinon, je me suis aperçu que je n'ai pas prévu de récompense pour les bonnes réponses (et ça vaut mieux, sinon je serais sur la paille...)

dimanche 27 avril 2008

Guten Tag

Je n'oublie pas qu'il y a une poignée de semaines (de l'art de l'euphémisme), nous avons été doublement tagués par Incitatus et Sixtine. La règle, si je m'en souviens bien, est de révéler 7 informations inédites nous concernant. J'ai cru comprendre aussi qu'il était de bon ton que ces scoop nous ridiculisassent (j'y travaille activement, comme vous le constatez) et révélassent nos aspects sinoques. Pour rendre l'exercice un poil plus ludique, nous imiterons Timy : parmi les révélations suivantes, l'une est, totalement ou en partie, de l'intox. A vous de la repérer (fastoche, fastilinoche) :

1) Je suis un cul gelé, un vrai. A ma décharge, il est fort menu et blanc comme neige : suivant la loi de l'albédo, il peine à absorber la chaleur du soleil - à noter qu'il n'a pas souvent l'occasion de l'apprécier, à mon grand désarroi. Il est donc très sensible aux frimas de l'hiver.
Mes pieds sont soumis au même régime, si bien que mon homme les a amoureusement surnommés ses "petits pieds panés", référence aux poissons panés, hôtes bien connus des eaux de l'Antarctique. Il m'arrive, j'avoue, d'enfiler deux paires de chaussettes pour les protéger un peu. Raffinement suprême : glisser une feuille d'alu entre ces deux épaisseurs; je ne suis pas sûr que ça réchauffe, mais ça fait un bruit extra (top discrétion au boulot).


2) Je vieillis plus rapidement du côté gauche (c'est connu, la droite est conservatrice). L'idée que mes cheveux s'émaillent de fils d'argent ne me fait pas frémir, même à 28 ans. plus jeune, mon châtain se nuançait de reflets roux; aujourd'hui, ce sont des touches de blanc : ce n'est pas un scandale. Mais j'aimerais qu'un jour, enfin, mon corps se décide à faire les choses uniformément : déjà que je juxtapose les jambes velues d'un bouc et le torse glabre d'un ado... Le satyre que je suis essaierait bien la cohérence, pour changer!


3) Je n'aime pas spécialement aller en ville. Surtout dans une petite ville où on est sûr de croiser à chaque sortie des gens connus (je veux parler d'élèves ou de parents d'élèves, pas de Paris Hilton, hélas). Heureusement, je marche d'un bon pas. Mais une vive allure ne vous protège pas du regard des autres (et vu que je suis une bombe, les autres ne s'en privent pas...). En cas de nervosité, nous avons tous nos gestes apotropaïques (apprends l'alphabet avec les Pitous). En ce qui me concerne, je fais machinalement tourner mon anneau d'argent autour de mon doigt (que j'ai délié et fin). Je suppose que cela me donne l'illusion d'être un nouveau Gygès, ce berger qu'une bague magique rendait invisible à volonté. Sauf que moi, je ne veux pas être roi, juste acheter des bouquins peinard et accessoirement suivre de jolis garçons dans leur salle de bain...


4) Voir et être vu nu. Ce thème revient à chaque instant dans cet article. Autant l'évacuer pour de bon... Avertissement : âmes pures et chastes, passez ce paragraphe - il n'est pas vraiment dans le ton habituel de ce blog (mais n'est-ce pas le but de ce tag?).
Comme beaucoup d'enfants, j'étais très curieux de voir ce qui se cachait sous les vêtements des autres. En maternelle, je me tapissais avec Eléonore dans un tube en béton, dans la cour, juste le temps de baisser nos culottes. Cela reste à ce jour ma seule expérience hétérosexuelle. En primaire, c'est avec Pierre, Laure et Anne que nous nous exhibions en secret. Cela reste à ce jour ma seule expérience bisexuelle.
Mais déjà, à la même époque, je me souviens très précisément d'avoir scruté l'entrejambe de mon maître et de m'être demandé avec envie à quoi ressemblait ce qu'il y dissimulait (oui, j'avais 8 ans...). Me poser la même question avec mes institutrices m'aurait semblé parfaitement saugrenu. D'ailleurs - et là, je tiens à m'excuser par avance auprès de nos lectrices pour mon ignorance -, d'une femme à l'autre, il n'y a pas de révolution, c'est toujours un peu la même chose, circulez, y a rien à voir... Avec les garçons, la multitude des combinatoires fait qu'au moment d'ouvrir le paquet, il y a toujours une surprise. Et même quand on sait pertinemment que le cadeau n'est pas à portée de notre bourse, ça reste une exquise source de rêverie.
Pour voir sans consommer, il n'existe plus que les espaces naturistes. Partout ailleurs, la pudeur a chassé la nudité, devenue impensable hors intentions sexuelles. Pruderie ou pornographie, tu parles d'une alternative! J'ai fréquenté quelquefois des plages non-textiles et même, un été, un camping. Et là, croyez-le où non, si le plaisir lubrique de s'exhiber et de se rincer l'oeil (ex aequo) n'est pas totalement absent, il est de très loin surpassé par le bonheur simple de sentir sur toute l'étendue de sa peau le contact de l'eau, de l'air et du soleil, bonheur qu'un infime bout de tissu gâte énormément.
Je vous rassure : il n'y aura pas de photos de vacances dans ces pages ;-) (ni non plus celles où j'ai posé artistiquement pour un photographe amateur dans le plus simple appareil numérique)(ah vous vouliez du scoop! faut assumer maintenant!).


5) Petit, je n'étais cependant pas qu'un pervers polymorphe. J'attendais le vendredi soir avec impatience pour regarder avec ma mère Apostrophe, lové dans un coin du canapé. Bien sûr, beaucoup de choses devaient m'échapper (rappelons que lorsque Pivot a mis un point final à cette émission littéraire, j'avais tout juste 11 ans); peut-être même que je n'y comprenais rien. Il ne m'en reste pas de souvenir précis, juste une impression générale. Mais je sais que, tout en écoutant Pivot d'une oreille distraite, je m'imaginais répondre à ses questions. Je me rêvais en écrivain interviewé. Je n'ai pas beaucoup changé, au fond...


6) Pourtant, c'est une tout autre carrière qui m'a longtemps tenté : celle de policier. Quand, dans la cour de récré, on désignait voleurs et policiers, je me rangeais invariablement du côté de la loi. Il ne faut pas oublier que je suis petit-fils d'officier et que j'ai hérité de mon lignage le goût de l'ordre. Le projet m'a longtemps tenu, même lorsque j'étais en prépa littéraire. L'idée que je pourrais toujours me tourner vers cette carrière si mes études de lettres classiques ne trouvaient pas de débouché, a été d'un certain réconfort dans les moments de ras-le-bol (genre quand on vous demande de traduire le mot "pendaison" dans un thème latin, que vous vous êtes en vain arraché les cheveux pour trouver une astuce - au point de chercher activement une corde - et que, pour finir, le prof annonce benoîtement au moment de la correction : "bah non, les Romains ne pendaient pas, ils crucifiaient" - sans ma fibre policière, croyez bien que je lui aurais brûlé la cervelle). Vous voyez que la réalité du métier de prof ne me dépite pas tant que ça.


7) "Discret mais efficace. Félicitations du conseil de classe". Cette petite phrase suffit à résumer toute ma scolarité. Elle a néanmoins connu quelques faiblesses. Passons sur mon dernier trimestre de physique en seconde : il a eu le mérite de me conforter dans mon choix de la section littéraire (et pourtant, le prof voulait que je fasse S!). Passons aussi sur mon année de 1ère, en anglais (LV2) : mes notes faisaient tellement tache sur le bulletin que ma prof d'allemand a décidé de mener l'enquête; je ne pouvais quand même pas lui dire que je mettais à profit mes cours d'anglais pour écrire des poèmes (de toute façon, on était 40 dans la classe). Il faut avouer qu'en langue vivante, j'ai toujours un peu manqué de spontanéité.
Pourtant, ma plus belle veste scolaire, je l'ai connue en... latin. En 4ème, la prof me chouchoutait; en 3ème, elle m'a descendu en flèche. C'était la seule matière que je bossais; je ne comprenais rien à rien. J'ai conclu l'année à 6 de moyenne, par une humiliation au tableau : "Et tu comptes continuer le latin l'année prochaine? T'as intérêt à t'accrocher", la voix de l'ogresse claque encore à mes oreilles... Je me suis accroché, j'ai triplé ma moyenne en seconde (en me réjouissant de l'envoi des bulletins dans mon collège d'origine). Mais je ne peux pas m'empêcher de me dire que c'est un hasard géographique qui a donné à ma passion pour les langues anciennes une chance de s'épanouir : s'il n'avait pas fallu traverser la ville pour aller dans un lycée moins coté, je me serais laissé séduire par l'italien en troisième langue.
Quand j'ai commencé à enseigner, il m'est arrivé de raconter cette anecdote à certains élèves, pour leur faire comprendre que le déclic peut parfois tarder, mais que ça vaut le coup de persévérer. J'ai arrêté, d'une part parce que c'est inutile, d'une autre parce que je demande pas aux mômes de se passionner pour ma vie. Je crois que c'est surtout à moi, de m'en souvenir : on oublie un peu vite que ce qui nous semble évident peut poser problème à des adolescents (même si, b°rd€l, c'est pas bien compliqué ;-)).


A vous de jouer : parmi ces révélations, où se niche l'intox? Pour la peine, et pour une durée indéterminée, j'ai activé la modération des commentaires.

Pitou G.

P.S. : @ Sixtine. Finalement, je n'ai pas eu besoin de recycler (ou si peu).
P.P.S. : je travaille mon homme au corps pour qu'il se prête à ce jeu, mais ce n'est pas gagné...

samedi 26 avril 2008

Vendredi soir, t'es poire

Le drame du vendredi soir : rien à faire, rien à voir. On zapouille vaguement : après voir deviné la nationalité des mannequins de Fashion TV men (Owen Steuart : canadien; Vincent Lacroq : français; Marios Lekkas : grec... ils ont tous les oreilles décollées, les Grecs?) (je suis devenu super fort à ce jeu), Pitou V. nous fait échouer sur Luxe TV et me force à admirer un hôtel où le papier peint est assorti au tissu des causeuses, pauvre de moi. Dans le pire des cas, on tombe sur le cabinet de chinoiseries d'un clone de Frédéric Mitterrand avec une bague grosse comme un écran plat. L'existence même d'une telle bague chaîne devrait me révolter, mais en fait, c'est juste soporifique.

Moi, ce que j'aimerais, c'est une émission consacrée aux putes de luxe (à lire avec un accent italien) : "Nos putes à franges sont les plus bonnetées du monde. Elles sont très appréciées des grands de ce monde et de personnalités du spectacle comme Gérard Depardieu ou le Dalaï Lama". Voilà qui serait top, comme émission du vendredi soir...

En tapant "pute à frange" sur gogole, mon homme a découvert qu'il existait des badges (ils cherchent des distributeurs, si le coeur vous en dit...)

Pitou G

P.S. : dans la série "bricolons une émission de la nuit", il paraît que sur direct 8, une animatrice lit un bouquin. L'un d'entre vous a-t-il déjà vu ça? Vous croyez que c'est bien payé?

Bonus : mon nouveau chouchou de Fashion man TV s'appelle Kevin Flamme. Vous avez le droit de couper le son :

vendredi 25 avril 2008

Massacre fourmillier

One, two, three voire four milliers. C'est, au bas mot, le nombre de victimes de la sanglante répression perpétrée ce matin contre des fourmis un peu trop invasives. Et le Boucher du Mont de Pitous, c'est moi...

Tout a commencé par un cri de stupeur de mon homme : près du mur qui nous sépare du jardin grouillait une marée d'insectes, prête à fondre sur les gamelles des chats. Pitou V revenait justement de la luxueuse isba sise au fond du jardin, un répulsif aux huiles essentielles (na-tu-rel! et sans danger pour l'environnement) à la main.
Je commence par essayer de circonscrire l'armée ennemie : j'inonde le carrelage de pshiit-pshiits aromatiques. Les fourmis ne franchissent pas la barrière, certes, mais elles n'ont pas l'air de s'affoler pour faire demi-tour. Alors, timidement d'abord, puis de plus en plus franchement, je pulvérise le produit sur les grouillantes.

Dix minutes plus tard, mon homme me retrouvait le regard perdu dans le vague. A mes pieds gisait le pulvérisateur. Je venais de découvrir sur la notice que ce que je croyais n'être qu'un innocent insectifuge était en fait une arme de destruction massive, l'équivalent du napalm à l'échelle d'une fourmi : "Agit en desséchant les insectes." Pas glop.

Face à moi, un carnage : "j'ai exterminé un peuple entier..."

Pitou G.

jeudi 24 avril 2008

L'avocat du barreau

La police montée est toujours à la recherche du barreau d'escalier qui a attenté à l'intégrité physique de Pitou V, paisible patineur sur bois. Voici son portrait robot :

Qui se fera l'avocat de ce barreau-là?
(le pochoir dans l'escalier, c'est pas de nous, j'vous l'jure!)


Il aura intérêt à savoir jouer du pipeau pour espérer le blanchir :

De l'utilité d'apprendre la flûte à bec au collège.

mercredi 23 avril 2008

La maison des monstroplantes

"Oh! Regardez! Les Pitous nous ont ramené des photos de leurs fouilles archéologiques! Théra? Pompéi?
_ Non non, c'est au fond de notre cuisine..."

Je pensais que les boursoufflures qui gagnaient le mur du fond était dues à un craquèlement de la peinture. La vérité est beaucoup plus amusante. Les traces marrons ne s'expliquent pas non plus par des coulées de chocolat, comme je le supposai ingénieusement dans un article précédent (désolé Guilitti)...

Ça faisait longtemps que ça me démangeait; j'ai fini par gratter. Le résultat dépasse l'entendement : ce mur est constitué d'un mélange de matériaux pas toujours très bien identifiés superposés en couches plus ou moins suspectes : terre, carrelage, restes de papier peint, peinture, enduit de rebouchage... Ce terrain, gagné par l'humidité, s'est révélé fort propice au développement d'une plante, poussant du toit vers le sol sous la couche de peinture.

Pour les sceptiques : des tentacules de la monstroplante

Je n'étais pas trop fan de Jayce et les conquérants de la lumière (je trouvais le héros totalement fadasse... même si son pilote, Herc, est l'un de mes premiers fantasmes... aveu embarrassant), mais j'aurais apprécié de n'avoir qu'à lever ma bague pour éradiquer le tentaculaire monstroplante qui rampe dans nos murs... Yêrk! Comme quoi, une catastouffe peut en cacher une autre!


Cliquez sur la photo
pour y voir plus clair

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Pitou G.

mardi 22 avril 2008

L'oeil pédaleur d'onc' Filou

Alors que mon homme dissertait avec sa grand-mère sur les bienfaits comparés de la courgette verte et de la courgette jaune, j'ai eu le privilège de faire d'entendre la conversation d'un de ses oncles qui n'était pas du tout prévu au programme. Ce bon onc' Filou avait interrompu sa randonnée cycliste pour faire un bisou surprise à sa maman (remarquez, nous n'avions pas non plus prévenu belle-grand-maman de notre visite - on aurait dû, ça lui aurait laissé le temps de réviser mon prénom... Remarquez, Emmanuel, c'est très joli; je devrais essayer, pour voir).

J'ai tout de suite été étonné par la faconde de Filou, qui me voyait pour la seconde fois de sa vie. J'avais à peine émis le projet de m'asseoir, qu'il m'avait déjà exposé tous les détails de la rénovation de sa maison. Il avait déjà enchainé sur son dernier périple à vélo ("oh lala, ça a vraiment l'air super") quand je me suis aperçu qu'il avait l'oeil rivé sur mon paquet. Et il n'avait visiblement pas l'air d'avoir envie de se promener ailleurs... Pour quelqu'un qui ne se souvenait pas de mon prénom (décidément, je suis la coqueluche de ma belle-famille), je trouve qu'on est devenus ultra intimes d'un coup. Parce que, s'il a eu tout le loisir d'imaginer en détails mon anatomie, il n'a pas non plus été avare de la sienne : son short de cycliste était encore plus bavard que lui (et ce n'est pas peu dire).

Pitou G.

P.S. : n'oubliez pas d'élire la catastouffe d'or dans l'article daté du 21 avril.

lundi 21 avril 2008

Toc toc toc! (ép.2)

Précédemment dans Montdepitous : la réfection du toit de notre cuisine nous a mis au sec, mais laissés à sec. Dans ces conditions, le retard pris dans la confection de la porte d'entrée, longtemps vécu comme une frustration, est devenu un soulagement : ça nous laisse un peu de temps pour renflouer le compte en banque.

Par un de ces riants (ah ah ah!) coups du sort, c'est précisément ce moment-là, vous l'imaginez bien, que l'artisan choisit pour nous annoncer la grande nouvelle : "je peux venir déposer les grilles?", les belles grilles en fonte qui protègent le vitrage de la porte et que nous faisons sabler et repeindre.



Vues extérieure et intérieure de la vieille porte d'entrée


















Ils vinrent à trois : Jojo, sa chef et un jeunot assez craquant, Adonis-ébéniste que, pour les besoins de l'exercice, nous nommerons Adoniste (quoique ses parents l'aient judicieusement baptisé Marvin). Etant donné que les quatre grilles étaient profondément enchâssées dans le bois, ils n'étaient pas de trop. L'opération a d'ailleurs nécessité plus de temps que prévu, d'où cette remarquable saillie de votre serviteur :
"C'est ça, les maisons anciennes :
ça réserve toujours des surprises, plus ou moins bonnes".

Là, Adoniste me décoche un regard aguicheur qui a l'air de demander : "C'est moi, la bonne surprise?".
Moi, j'aime autant que les hétéros m'épargnent ce genre d'oeillades, parce qu'en temps normal, j'ai déjà assez de mal à garder le Nord. En plus, la bourgeasse le pédé joliet infoutu de bricoler qui fantasme sur le bel ouvrier, c'est terriblement cliché. Alors, j'ai pas besoin qu'on m'y encourage! Le pire, c'est que oui, à part lui, je ne vois pas trop quelle bonne surprise la maison nous a réservée. Pour les mauvaises, par contre, je vous laisse élire la catastouffe d'or :
  • le mur potomane, acoquiné au toit pourri (voir épisode 1)
  • la chaudière qui décide d'arrêter de marcher pendant trois jours avant de ressusciter sans crier gaz gare. Et Pâques, c'était la semaine d'avant...
  • l'escalier de tous les dangers. On y fait du rafting et de l'acro-branche. Lors de sa dernière glissade; Pitou V. a emporté un barreau... (photos à suivre). Conseil : portez des semelles de plomb.
  • la carrelage qui se fendille au rez-de chaussée, parce que ce n'est pas très malin d'aller coller un matériau aussi rigide sur un sol souple (parquet au-dessus d'une cave). Conseil : oubliez les semelles de plomb.
  • la merdasse indécollable dont les propriétaires précédents avaient enduit certains murs. Raffinement ultime : ajouter une couche de cire (effet gras assuré).
  • La plomberie Bonux de la salle de bain. A première vue, c'est le grand luxe : baignoire et douche. Le robinet thermostatique de la seconde est bloqué sur la position tiédasse; l'inverseur de la première, incapable de choisir entre robinet et douchette, vous offre les deux en même temps avec un débit ridiculement fluet - mais là, au moins, vous pouvez vous brûler les chairs comme vous l'entendez.
Je n'ose même pas vous entretenir du plan électrique... N'allez pas croire que nous regrettons notre achat, hein! Toutes les qualités qui ont provoqué le coup de coeur rachètent les défauts. Mais elles, on les voyait au premier coup d'oeil...

Bon, c'est pas tout ça, mais Adoniste doit venir d'un instant à l'autre pour récupérer la barre de tirage : il faut que j'aille merisier me raser, sassafras bien, et oranger le salon (là, c'est vraiment halésia). Je l'inviterais bien à manguier, mais bon, je ne vais p'amandier! J'entends cognassier, ébène gingko j'y go! Que voulez-vous, je ne suis pas de bois!


Pitou G.

samedi 19 avril 2008

Robin's secret

Il y a quelques jours, nous vous parlions de la série How I met your mother. Je ne sais pas pourquoi, mais depuis ce matin, je n'arrête pas de fredonner ceci... Let's go to the mall!



Oui, oui, c'est bien une série des années 2000 ;-)

Pitou G.

P.S. : Don't forget the robot
P.P.S. : Pitous en vikène. Rendez-vous très bientôt pour l'épisode 2 de "Toc toc toc?" et plein d'autres articles déjà écrits (faut bien que ça serve à quelque chose, les vacances).

vendredi 18 avril 2008

Toc toc toc? (ép.1)

Les bons artisans sont rares
Or, les bons artisans sont très demandés
Donc, les bons artisans se font attendre des siècles

(syllogisme dit "du client pressé")


L'un de nos tout premiers projets, lorsque nous avons acheté la maison, fut d'en changer porte et fenêtres. Comme nous sommes de grosses bourges avons une forte conscience écologique, nous avons opté pour des fenêtres en chêne, quitte à n'en changer que la moitié. Je vous parle là de travaux réalisés il y a belle lurette, à tel point qu'on en trouve trace sur Quaidesomme (les fidèles s'en souviennent).

Reproduire à l'identique et en chêne (mais en "qui ferme") une porte d'entrée, c'est une autre paire de branches manches - et c'est, évidemment, totalement ruineux. Le devis fut signé début octobre, suivi de la vague promesse de commencer le chantier en décembre. Précision importante : la fabrication requiert plus de 80 heures de travail (c'est ça d'avoir des gargouilles sculptées dans sa porte)(non, je déconne)(chériiiiii, et si on rappelait l'ébéniste pour lui demander d'ajouter des gargouilles?). Cela justifie le joli chèque en bois d'acompte qui croix de bois, croix de fer (faut arrêter, maintenant) ne sera encaissé qu'après le début des travaux. Décembre, janvier, février, mars... les mois passent, et le coup de téléphone censé nous donner le signal ne vient pas.

Entre temps, l'extension qui abrite notre cuisine s'est découvert un mur facétieux : un soiffard qui absorbe toute l'eau du ciel (et dieu sait qu'il y en a, de l'eau, dans le ciel normand). Bombance après bombance, il se crevasse et voit se multiplier les coulées maronnasses (mais il est fait en quoi, ce mur, en chocolat?). La faute en revient à un toit bien peu étanche. Restés sans nouvelles du dossier "porte", nous lançons donc l'opération couette "couverture".

Une photo satellite de la faille de San Andreas?
Non! Un mur potomane.


L'inclinaison faiblarde de la pente nous laisse bien peu d'options : zinc somptuaire ou merdasse synthétique. Il est superflu, je crois, de vous préciser quel fut notre choix : nous sommes de grosses bourges respectueux de notre voisine plusieurs fois centenaires, N-D de X (et des caprices de l'architecte des bâtiments de France).

Un métier que l'on pratique à quatre pattes, est-ce un métier honnête?

Sur ce (c'est bien le cas de le dire), les couvreurs oeuvrent, manquent de me surprendre dans la splendeur de ma nudité et, oh divine surprise, découvrent (c'est bien le cas de le dire) une charpente infestée d'insectes et 1500 litres de sciure en guise d'"isolation" (?) rudimentaire (c'était ça la poudre qui s'écoulait de la hotte et tombait dans nos casseroles) . Comprendre : nettoyage (cher), traitement (cher et agressif) et isolation à prévoir. Pas de laine de verre, cela va sans dire. Vous ne trouverez dans nos murs que des matériaux écologiquement et sanitairement acceptables (merci d'oublier le poison injecté à grands frais dans nos poutres). Les panneaux en fibres de bois (bien pour le confort d'été), un temps pressentis, ne sont pas disponibles dans l'immédiat. Nous nous rabattons sur la laine de chanvre (devinez lequel coûte le plus cher?).

Chute d'un panneau de laine de chanvre

Malgré le surcoût, être en accord avec ses principes, ça a du bon : maintenant, dans notre cuisine, ça sent bon le foin coupé...
Ce toit, c'était une urgence, mais il a asséché notre compte en banque (on espère que notre mur hydropisique va suivre son exemple). Du coup, on n'est plus si pressés de payer notre porte...


Allez, c'est presque fini : il ne reste plus qu'à zouker zinguer


Avant/ Après :

A suivre...
Pitou G.

jeudi 17 avril 2008

Philogelos

Εὐτράπελος φλυάρου κουρέως ἐρωτήσαντος· πῶς σε κείρω;
- σιωπῶν, ἔφη.

" C'est un homme spirituel chez un coiffeur bavard. Ce dernier lui demande : "comment je vous coiffe?", et l'autre : "En silence.""
Extrait de Philogelos, Va te marrer chez les Grecs (Mille et une nuits), authentique recueil d'histoires drôles antiques, traduit par A. Zucker.












Tout ça pour dire que je suis retourné chez ma coiffeuse. Elle laisse tomber son matériel, mais sa mémoire est toujours infaillible : à peine avais-je posé le pied dans son salon qu'elle se réjouissait déjà de me savoir en vacances. Rappelons que c'était la troisième fois que je la voyais, la deuxième remontant à plus de deux mois. Je commence à me demander si je ne suis pas son seul client...

Mon homme me tanne pour que je prenne rendez-vous avec le patron, à la fois plus charmant (c'est un fait) et plus habile (dit-il). Mais aller dans le même salon et changer de coiffeur, ça me paraît le comble de la déloyauté. De toute façon, le patron est hétéro...

Pitou G.

mercredi 16 avril 2008

Voyageuse

Elle est arrivée sans miauler gare, cette jolie tigrée. Elle a trouvé dans notre jardin un lieu de repos et une gamelle garnie. Méfiante mais pas sauvage, la petite affamée n'était pas avare de câlins et regardait avec envie les chats de la maisonnée aller et venir librement à l'intérieur. Elle a eu beau gratter à la porte, sa place est restée dehors. Selon les moments, Stuart et Calim' l'ont traitée avec indifférence ou curiosité. Le plus jeune l'a parfois coursée, mais ces embuscades n'ont jamais, semble-t-il, dépassé le stade du jeu.

Réglo, la chatoune a tenu à rembourser sa pitance : deux musaraignes laissées en offrande en ont fait les frais - notons que les deux fauves que nous hébergeons depuis 7 ans pour l'un et 7 mois pour l'autre, ne nous ont jamais fait le moindre cadeau (le syndicat des rongeurs ne s'en plaint pas).

Et comme elle est venue, elle est repartie. Chatte errante ou petite domestique laissée à la porte de chez elle pendant trois ou quatre jours? A-t-elle repris sa route ou retrouver sa demeure? Peut-être s'est-elle simplement lassée que nous lui refusions le droit d'entrer...

Pitou G.

lundi 14 avril 2008

Pitous en veille

Vacances (enfin!)
Nombreux articles en gestation. A lire bientôt.
(mais là, farniente)

mercredi 9 avril 2008

Métis

Son prénom, je l'ai oublié. J'ignore même son âge et sa classe. Tout ce que je sais de lui, c'est qu'un jour, par inadvertance, Youngfather l'a enfermé dans sa salle parce qu'il ne l'avait pas vu... Nous l'appellerons Quézac Métis. Je le croise de plus en plus souvent dans les couloirs et devant le bahut et, à chaque fois, il engage la conversation. On sent qu'il a envie de rentrer dans ta vie, mais il avance à pas méfiants : il engage la conversation tout en restant à deux mètres de toi. Voilà : Métis, c'est le renard du Petit Prince...

"Bonjour Monsieur Pitou G.
_ Bonjour euh... Quézac Bonjour, quoi...
_ Vous venez à pied, vous êtes z'écologique!
_ Bah tu sais, en même temps, je mettrais plus de temps à venir en voiture. Je n'habite pas loin tu vois, c'est la maison là-bas, j'y mène une vie de débauche; si tu veux écrire des inanités sur mes volets, je te donne l'adresse, ça sera plus simple (sourire gêné).
_ Je m'en doutais. Je vous croise souvent par ici (oui, en même temps, j'y travaille). On se reverra à la prochaine matinée Portes ouvertes? (ah c'est vrai, il avait fait le pied de grue dans la salle que j'occupais, ce +*$1#@ de samedi matin; il faut croire que ça avait illuminé sa journée).
_ Euh oui... Enfin, tu sais, c'est dans un an. On se croisera peut-être d'ici là!"

Je ne croyais pas si bien dire. Depuis, il s'est inquiété de mon état de santé (ohlala, je dois vraiment avoir une tête à faire peur, en ce moment), a voulu savoir si je serais là l'année prochaine (un peu moins souvent, parce que je trouve ça plus fun de bosser dans deux bahuts, mais oui) et m'a demandé ma taille de sous-vêtements si c'était vrai que j'aimais le saucisson les chats.

Moralité? C'est encore les élèves que je n'ai pas qui m'aiment le mieux...

Pitou G

P.S. : le ratureur fou a encore frappé

mardi 8 avril 2008

Mourir moins bête

J'ai appris aujourd'hui que Diderot était un frère Lumière.

Denis Diderot en train de faire son cinéma.

dimanche 6 avril 2008

Qui veut zouer...

Une légende familiale parmi d'autres.

Quand nous étions tout petits, l'usage était d'arpenter la cour de récréation en chantonnant d'une voix traînante le nom du jeu pour lequel on cherchait à recruter des partenaires....

"Qui veut jouer à la mareeeeeeeelle?
Qui veut jouer à la cooooooorde?
Qui veut jouer à la chandeeeeeeeeelle?
Qui veut jouer à la chaise aux porteuuuuurs?
Qui veut jouer à touche-pipi
Qui veut jouer à l'épervieeeeeeeer?

Cette quête de l'autre, c'était déjà le jeu.
C'est sans doute ce qu'avait voulu prouver mon grand frère, haut comme trois pommes, sous les yeux médusés de sa maîtresse de maternelle, lorsqu'il s'est mis à marcher en rond dans la cour en scandant:

"Qui veut jouer au déseeeeert?"

Les autres enfants, intrigués, ont commencé à le suivre : la file grandissait et grandissait et tournait en rond inlassablement. Ce petit manège a duré toute la récréation, sans que jamais personne ne lui demande : "mais c'est quoi, jouer au désert?"

Il n'a jamais pu l'expliquer, mais quand je m'imagine la scène, je ne peux pas voir autre chose qu'une caravane d'enfants traversant les dunes...

Pitou G.

P.S. : mon frère n'est jamais devenu gourou d'une quelconque secte, mais il a suffisamment inquiété son institutrice pour qu'elle appelle un jour mon père : "il a quand même beaucoup d'imagination". Curieux sujet d'angoisse d'ailleurs; personnellement, c'est le contraire qui m'aurait alarmé...


vendredi 4 avril 2008

Rosy et Chrissie

Pitou V. pense à moi en permanence : c'est pour ça qu'il est persuadé que je peux capter ses pensées. Des fois, je me fais enguirlander parce que je n'ai pas deviné ce qu'il a en tête. C'est de ma faute, j'ai qu'à être télépathe! A l'inverse, lui, n'entend pas toujours ce que je lui dis de vive voix. Dernier exemple en date : ce matin.

Belle Maman envoie par mail le brouillon d'un courrier, assorti du mot suivant :
Bonjour les garçons, pouvez-vous jeter un oeil à la lettre que j'ai l'intention d'envoyer à Rosy, drass et député ! et en plus la Boutin veut me mettre dehors du hlm !

Pitou G. : "Rosy? Ah, oui : Roselyne Bachelot!"
Pas très difficile, Sherlock Pitou, quand on sait que Bachelot est la ministre de tutelle de Belle Maman; surtout qu'à la ligne d'après, on trouve mentionnée un autre membre éminent du suave gouvernement qui est le nôtre. Sur ce, chacun vaque à ses occupations. Affaire classée.

Trois heures plus tard, après le repas et deux épisodes de How I met your mother, mon Pitou V. actionne la cafetière et s'exclame soudain :
"Ah mais oui! Rosy, c'est Roselyne Bachelot!"

Que voulez-vous : l'arabica est bien meilleur conseiller que moi!

Pitou G.

jeudi 3 avril 2008

Evidence

En fait, je dois faire des billets trop longs.

Sinon, quelqu'un a-t-il des nouvelles d'Alcib?

mercredi 2 avril 2008

Récital

Une guitare, un piano, deux compositeurs romantiques dont un illustre inconnu... Typiquement le genre de soirée qu'on ne vit jamais (si c'est pour rater Plus Belle la Vie, vraiment, je ne vois pas l'intérêt;-)). Sauf que là, on avait une invitation...

Un concert de musique classique, surtout quand on ne s'est pas trop renseigné sur le programme, on ne sait jamais combien de temps ça va durer. Tout ce qu'on sait au moment où on s'assoit, c'est que ça risque d'être délicat de s'éclipser en catimini. En plus, il y a une mère d'élève mélomane dans la salle et elle m'a repéré : hors de question de passer pour le cuistre que je suis. Même si je dois périr d'ennui, je ferai bonne figure. Peut-être même que j'applaudirai à la fin...

Savoir quand applaudir : un cauchemar, une phobie sociale, une torture qui me convainc à elle seule de fuir tout spectacle vivant. Certains paniquent devant des araignées, des serpents ou les choux de Bruxelles. Moi, ma terreur, c'est d'assister impuissant à l'attraction mutuelle de mes mains, se heurtant avec fracas à un moment incongru. J'ai donc passé une partie du concert la main droite coincée dans le strapontin voisin et la gauche dans le creux de celle de mon homme. J'ai frémi à chaque demi-silence : "et qu'est-ce que je fais de mes mains, là?". Je sais ce que vous vous dites : ça doit être dur de vivre dans mon monde...

A cette réserve près, assister à un récital, c'est une expérience très agréable. C'est quand même le seul spectacle pendant lequel on peut rêver sans scrupules, vu que c'est un peu fait pour ça (enfin, quand on est un Béotien). Dans cet art de l'instant, une note chasse l'autre; et nous, on se laisse totalement aller.

Il faut dire qu'il fallait bien se remettre de l'interminable tirade préliminaire de la pianiste fantasque. Déguisée en sapin de Noël et affublée d'un accent slave très prononcé, la virtuose avait, en effet, préparé un discours sur Floristan et Eusebius, en multipliant les tournures et les termes compliqués. Du coup, elle a été obligée à plusieurs reprises de s'interrompre au beau milieu d'un mot : on devinait les engrenages s'activer dans son cerveau pour retrouver la suite. Après avoir énumérés absolument tous les sentiments et émotions dont sont capables les hommes dans l'infinie variété de leurs nuances (la joie, la colère, la fureur, l'espoir, la résignation, la tristesse, le chagrin, la mélancolie, la déréliction, l'allégresse... l'impatience! etc) en se sentant obligée de les mimer quand elle les nommait, elle a enfin daigné s'asseoir à son piano. Il était temps, parce que votre serviteur commençait à être traversé de pensées très peu charitables du style : "mais quand on ne sait pas parler français, on n'essaie pas!" ou "c'est pour t'entendre jouer et pas dégoiser qu'on a payé on est venu sans bourse délier".

Nous nous sommes longuement interrogés sur la pertinence
du jaune poussin dans un auditorium


Mais après ça, c'était magique, même pas le temps de s'ennuyer : d'abord la guitare puis le piano et, en guise de rappel, piano et guitare ensemble (je n'aurais pas soupçonné que ces cordes s'accordent si bien).

Après le spectacle, pas moyen d'y couper, la mère d'élève m'a intercepté au moment où j'allais franchir la porte :
"On ne vous voit pas souvent ici (mais où as-tu vu que j'étais prof de musique?).
_ Non, c'est la première fois. Le reste du temps, je lis des blogs.
_ Êtes-vous venu pour le piano ou pour la guitare?
_ Euh (pensant très fort : "parce qu'on avait une invitation")...
_ Parce qu'on adoooooore la msique romantique, m'interrompit mon homme qui craignait que je passe pour un gros Boulez boulet.
_ Alors je vous ferai savoir quand il y aura à nouveau de la musique romantique.
_ Hui (sourire crispé), tris bien, mirci."

C'est pas tout ça, mais si on se dépêche, on peut encore arriver à temps pour Tout sur moi.

Pitou G.

Après vérification du programme, il semblerait que la maestria soit plus issue de la diaspora arménienne que de l'éclatement de la Yougoslavie...

mardi 1 avril 2008

Poisse-âneries

Ouais, le jeu de mots est foireux, mais je ne me suis toujours pas remis du passage à l'heure d'été. Ne blâmons pas trop le calendrier, cependant, car il est bon avec moi : cette année, le 1er avril tombe un mardi. Le mardi est un jour top : trois heures de cours dont deux avec des anges (et une avec Grelinda et consorts, mais il faut bien une heure d'aboiements pour justifier mon salaire de nanti)(et vu qu'ils disent à leur prof principal que "certain(s) prof(s)" se passent les nerfs sur eux, ils doivent croire que jouer les Poutine de collège fait partie de mon équilibre personnel; dont acte*).

Le mardi, c'est top, normalement. Mais un 1er avril, ça reste à voir, rapport aux poissons et tout ça. Ma (déjà) longue expérience dans l'enseignement m'avait donné l'illusion que les blagues tordantes du premier avril étaient démodées. Je ne sais pas si c'est un revival ou si c'est une particularité locale, mais au collègue Haquenée, les écailles ont la cote.

free music


Ce 1er avril a donc commencé par une mauvaise plaisanterie du (hareng) sort** : en franchissant la porte de chez nous, je me retrouve nez à nez avec... Grelinda et sa meilleure copine (tristes autrices de ce célèbre manifeste). Sur le coup, j'émets un tonitruant "bonjour" qui ne s'en laisse pas conter (style : "ahah! oui, j'habite là; vous le savez maintenant et alors?") et décoche un sourire ultra-bright. Après un instant de stupeur, elles me répondent et reprennent leur chemin. Plus besoin garder bonne figure : je peux tranquillement oublier d'ouvrir les volets et enfermer mon homme à double tour. Si je vous apprends demain qu'on nous a jeté des cocktails molotov par la fenêtre ou gravé des cochonneries sur nos volets, vous ne serez pas surpris. Je sais, c'est ma faute : je n'étais pas obligé de vivre si près de mon lieu de travail; mais rassurez-vous, cette mauvaise idée sera en partie corrigée l'an prochain vu que j'irai bosser aussi à l'autre bout de la ville (on appelle ça l'Etat-Providence : il sait mieux que moi ce qui me fait du bien).

Je vous passe l'épisode de la panique devant la photocopieuse (c'était bien la peine de venir vingt minutes plus tôt que d'habitude, au risque de faire de joyeuses rencontres) pour rentrer dans le vif du sujet (il serait temps). Au moment de faire rentrer ma classe d'anges, je m'aperçois que la porte est déjà ouverte (note pour moi-même : trouver une autre cachette pour mes diamants). Et que trouvé-je, posé sur mon bureau?



Comme certains ont fini plus tôt que les autres leur petite interro, je vois sur certaines tables s'amonceler un genre de pêche miraculeuse : des stock de poissons en attente de posage. Foi de morue de Pitou, ils ne m'y prendront pas! Les angelots reprennent ensuite leur classeur, et j'évite un premier traquenard :
"M'sieur, je voulais savoir si on n'avait rien écrit d'autre sur le cours la dernière fois" (comme si des élèves normaux avaient ce genre de préoccupations).
La scélérate veut me faire tourner la page... et ouvrir la carte musicale (happy birthday to youuuuuuu!) qui y était attachée par un habile stratagème (de la patafix). Mais la ruse a fait long feu. En plus, la moitié de ses cours tombe par terre (héhéhé : t'avais qu'à les ranger!) : c'est le trompeur trompé - ça tombe bien, c'est en rapport avec l'oeuvre étudiée.
A part ça, une élève est partie au milieu du cour pour aller chanter à Villemoche, avec un poisson ridicule dans le dos (et je ne lui ai rien dit, honte sur moi!) et à la fin de l'heure, j'ai retrouvé ceux-ci sur mon blouson (ils n'ont pas pu avoir mon pull vu que je suis resté collé au mur pendant l'heure, pas fou l'pitou!)

"je sais dancer ça vous imprésionne" (sic et re-sick)
Je soupçonne Sandy
de lire ce blog


Quoique plus âgés, les suivants n'ont pas fait mieux, juste un alevin rachitique clamant : "je suis un poisson clown", posé en catimini sur le rebord du tableau à la fin de l'heure. Ils n'ont même pas ricané plus que d'habitude. N'empêche, "je suis un poisson clown", c'est assez bien trouvé, vu qu'ils n'ont jamais pris mon cours au sérieux et que je suis immunisé contre leur venin d'anémones de mer.

Pitou G.

* je n'ai jamais bien compris cette expression, mais elle coule est cool.
** qu'est-ce que ça me fait marée!